Interprétation - Jean-Michel Espitallier

Dans ce recueil, le système de la célébrité apparaît comme superficiel. Celle-ci fait rêver par l'image, et d'aprés Jean-Michel Espitallier, implique "une action bienfaisante" et est une "fonction quasi magique". En effet, par exemple, dans le livre, il est fait mention que les médecins peuvent être rendus célèbres par leur talent mais ne peuvent pas devenir des célébrités car ils ne font pas un métier d'image, "leur notoriété est due [uniquement] à leurs compétences, au talent dans la maîtrise de leur spécialité", ce qui n'est pas suffisant pour accéder au titre de célébrité. Leurs capacités fascinent mais ne procurent aucun rêve. Les personnages célèbres peuvent l'être mais en aucun cas devenir des célébrités.

Le recueil est également constitué de poèmes basés exclusivement sur les célébrités et leur statut mérité ou non. Nous pouvons donc trouver dans celui-ci des poèmes-listes composés de noms de personnages célèbres mais aussi d'inconnus, reconnus pour leur part au même titre que les premiers car cités dans ces poèmes et identifiés par leurs statuts dans la société, en tant qu'individus à part entière. D'autres poèmes explicitent ce qu'est la célébrité sous le regard de l'auteur, qui emploie des citations de personnages ou médias célèbres, en lien avec ce qu'il veut mettre en lumière. Dans le recueil n'importe qui peut être célèbre à partir du moment où la personne entretient une image, possède un certain charisme.Tout au long du livre le poète exprime le fait que c'est l'image qui fait la célébrité de par l'allusion à plusieurs reprises à la télévision, qui opère de manière cyclique.

"La télévision qui fait les célébrités qui font la télévision qui fait les célébrités..."

Il est aussi question de la disparition des stars qui selon le poète confirme le "caractère quasi divin" de celles-ci, ainsi que le fait que "leur mort doit être à la hauteur de leur vie."

"Les célébrités ne construisent pas leur personnalité sans avoir préalablement construit leur image. Puis elles se font un nom. (...) Pour les gloires éphémères, c'est l'image qui, la première, s'évanouit. (...) Et quand les corps ont disparu, quand l'image s'est dissoute, les noms continuent, quelque temps de clignoter comme des loupiotes."

A la fin du recueil, on constate l'énumération de plusieurs noms de personnes perdant petit à petit leur image de marque et qui au fur et à mesure de la lecture disparaissent de la page.

Malgré cela, quand on est une célébrité, par-delà la disparition, il reste le devoir de faire rêver...

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