i-voix aux mains d'argent - Florilège 11
Tim Burton - Edward aux mains d'argent
Effraction, immersion, contraction, dilatation, substitution : tout au long de l'année, les lycéens d'i-voix ont aimé couper-coller-insérer-remplacer... dans des oeuvres variées.
A la manière des cut-up de William Burroughs, des cadavres exquis surréalistes, des centons oulipiens, des MashUp vidéos, ils explorent ainsi, à l'ère du numérique, une façon originale de s'approprier des textes littéraires et d'en créer de nouveaux. Cette activité, ludique et pédagogique, permet de comprendre de l'intérieur l'univers d'un auteur, de faire résonner en soi ses mots, de partager les sensibilités et les imaginaires, de travailler la langue, de faire jaillir de soi des éclats de poésie. Alors peut-être la littérature retrouve son pouvoir de vibration et de façonnement.
Saurez-vous reconnaître les oeuvres qu'ils ont ainsi goulûment dépecées, chirurgicalement charcutées, poétiquement électrocutées ?
Tim Burton - Edward aux mains d'argent
2 août 2000, Valloire. 3 août 2001, Paris.
Loin de Srebrenica vivent les orphelines et les veuves. Six ans. Le même plein été.
D'où venons ? D'où revenons nous après tout ? Des montagnes gavées de mort.
Entendez bien je vous donne mon heure.
Hier les veuves ; suffisait donc que les rues me l'accordent, elle dans l'orage et sous son vrai nom, ensuite sur mes lits jumeaux, s'allonge.
Les orphelines ont regardé sur l'écran télé le général condamné à La Haye :pour génocide, il a pris quarante-six ans.
Mais qui avait juré de protéger l'enclave ? Qui veut de moi qui ne vaux plus un clou ?
Qu'elle est éteinte, la retombée de la nuit !
La fine lueur vive des étoiles -
Le léger fourmillement des cils du crépuscule :
l'infinité dépravée par les orages
et une succession de larmes.
"Un regard noir prolonge l'absence de mon seul prénom"
"Que la joie associée à la douleur protège l'amour comme des gouttes de sang"
Substition réalisée à partir du poème de la page 38.
Les mots en gras sont ceux modifiés.
Leurs poings sont restés fermés dans leurs poches. " Nous nous taisions. " L'un après l'autre, les noms sont tombés. " C'est curieux comme nous étions impassible. Nous étions silencieux. Cependant, nous avions envie de crier, de détruire ; la tension était présente dans notre silence et la colère au plus profond de nous. Cela n'étaient pas des fainéants, des paresseux qu'on nous arrachait. C'étaient des hommes bien, qui travaillaient." À l'accablement, ils ajoutaient la gêne, c'est ce qu'ils disaient " nous n'avons rien fait ". Ils sont restés muets, en bleu de travail, parmi les relents d'huiles et de dissolvants, avec le désir de pleurer. Il régnait le mutisme des machines et soi qui ne se retirait pas.
Je m'endors dans la chute
de la phrase
maintenant j'écris dans l'absence
du prochain amour.
Le temps avance
la poésie s'éloigne
et je me demande
sur un quai
si quelque chose
en nous
fracasse le poème
la nuit des rêves
La mort patiente dans la blancheur du matin
sous le silence l'impatience
un vol d'ailes arrachées
semble ouvrir lentement
un enfant vide
dans l'ombre immobile
l'âme s'épuise
inaudible agonie d'une aile
D'où venons ? D'où revenons après tout ?
Jamais voulu être un des gens pressés.
Entendez bien, je vous donne mon heure.
Suffisait donc que des rues me l'accordent.
J'ai déjà perdu ma dernière guerre.
L'épaisse tranche pâle des brumes -
dans le très très bas
où nous ne sentons plus
Tes mains.
Tim Burton - Edward aux mains d'argent