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Publié par Guilhem

 

http://3.bp.blogspot.com/_cZG1yp_CHUg/SmWtLyUQtnI/AAAAAAAAPPU/vgmPbYIOr2M/s1600/DSCN1887.JPGBAZOCHES

 

 

Après la mort de Peggy Bell, Magnus décide de quitter Vienne pour s’installer dans un lieu de repos. Il désire un espace totalement inconnu de lui, dont la géographie et  l’histoire lui échappent : se sera la France, et plus précisément, dans le Morvan, Bazoches. Dans ce pays dont il ne sait rien sinon le nom, dans ce pays et cette terre vierge pour lui de tout, il va donc pouvoir entrer dans une phase intermédiaire, une période «d’hibernation», un cycle dans lequel il va épurer sa pensée, la laver des sentiments qui sèment en lui désolation et malheur. Par le silence, la contemplation et la réflexion, il espère, croit qu’il va parvenir à la délivrance. Cependant, s’il s’apaise, il s’enfonce dans l’oubli pur et simple, dans la dénégation, une dénégation si puissante qu’elle va jusqu’à lui faire oublier ce qu’il est, l’amener à se nier lui-même. Ce sera le contact, l’amitié et l’enseignement salvateur et divin de Blaise Mauperthuis, alias frère Jean, ermite-moine d’une abbaye installée dans le village, qui lui permettra de reprendre le chemin de la vie. Mais pourquoi Bazoches ? Pourquoi un village –et ses forêts, son château- existant bel et bien ? Pourquoi un village, pourquoi ce village, où repose, et le récit le précise, un des plus illustre Français, dont le souvenir est toujours bien vivace dans l’imaginaire national, Maréchal de France de son état, Sébastien Le Prestre de Vauban ? C’est en cela que Bazoches est un des lieux de l’intrigue les plus intéressants, en dehors du fait qu’il est le support terrestre de l’une des plus belles composantes du récit. Car Vauban, faut-il le rappeler, fut commissaire aux fortifications : grand ingénieur, il conçu un nouveau type de bastion, de nouveaux standards de citadelles, en étoile, et construisit ainsi une «ceinture de fer» autour de la France. Mais ce génie militaire s’intéressa également aux méthodes d’attaque, et se couvrit de gloire par ses victoires dans de nombreux sièges, ses techniques étant des plus modernes, révolutionnaires même.


Ainsi, Sylvie Germain nous offre ici de magnifiques métaphores : cette campagne, ces forêts que Magnus parcourt intensément, cette campagne, ces forêts où Magnus se perd, où Magnus s’enfonce de plus en plus profondément ; tous ces éléments sont le reflet de la mémoire de Magnus, une mémoire en friche, une mémoire tortueuse et meurtrie, une mémoire à parcourir en tous sens pour tendre vers l ‘apaisement tant désiré. Quant à ce château dominant Bazoches, n’est-ce pas l’incarnation fabuleuse de la mémoire enfouie, «interdite» de Magnus ? Ces contreforts élancés, trônant majestueusement sur leur mont, ces contreforts d’apparence inexpugnables qu’ils faudra dominer, refouler, anéantir presque, n’est-ce pas le symbole d’un être cloisonné, en guerre contre lui même ? N’est-ce pas l’incarnation des murs mentaux qui refoulent sa vérité ? Et Lui, Lui, et Vauban, Magnus, le génie de la fortification, consolidant, rendant hermétique, ceinturant la France, sa mémoire, d’un dôme de fer. Mais aussi Vauban, Magnus, le génie du siège, sapant patiemment, méticuleusement, et d’une manière si parfaite les défenses ennemies, les murailles mémorielles, qu’elles s’effondrèrent dans un tonitruant, grandiose et jubilatoire fracas de joie.


Bazoches devient ainsi, grâce au talent de Sylvie Germain, une subtile, délicate et merveilleuse évocation de l’âme, de l’inconscient, de la part onirique, cachée, refoulée mais aimée que chacun d’entre nous porte en lui. Une ode silencieuse mais éclatante à l’introspection, à l’étude de soi et du monde, une invitation à un fabuleux et céleste voyage, une merveilleuse et superbe envolée vers l’infini du ciel bleu.


 

http://2.bp.blogspot.com/_cZG1yp_CHUg/SmWtMI_OvjI/AAAAAAAAPPc/Rhat00LAcmo/s1600/DSCN1886.JPGBAZOCHES

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