Critique littéraire - Zoo
Après la parution en 1952 des Animaux dénaturés, Vercors s'essaie en 1963 à la transposotion théâtrale de ce roman.
Zoo ou l'assassin philanthrope, comédie judiciaire, zoologique et morale est ainsi créée.
La première mise en scène a lieu le 24 juin 1963 au festival de Carcasonne, et, forte de son succès , elle fût reprise en février 1964 à Paris, au Théâtre National Populaire. Par la suite, il y eût de nombreuses représentations en Europe...
Tout commence à Sunset Cottage, résidence de Douglas Templemore, journaliste au Times.
Ce dernier fait venir en pleine nuit le Docteur Figgins, pour constater le décès de son enfant, ainsi que l'inspecteur Mimms, à qui il demande de l'arrêter pour meurtre.
Douglas déclare avoir tué lui-même le nouveau-né et ne cache pas que celui-ci est né à la suite de l'insémination artificielle d'une femelle tropis, résidant au jardin zoologique.
En effet, une récente expédition scientifique a découvert, en Australie, une espèce intermédiaire entre l'Homme et le singe, appelée Tropis.
Face à cet acte criminel, plusieurs questions se posent : L'enfant devait-il être considéré comme humain ? Douglas est-il de ce fait un assassin ? Mais avant tout : Qu'est-ce qu'un Homme ?
Autant de questions soulevées et auxquelles l'ensemble des jurés vont tenter de répondre, lors du procés, l'enjeu central de Zoo.
Celui-ci est tout au long de la pièce riche en rebondissements, en interventions et en confrontations, parfois comiques, des connaissances et des points de vue.
Outre la question sur la nature de l'Homme terriblement bien amenée, l'originalité de l'oeuvre théâtrale de Zoo réside sans aucun doute dans sa mise en scène. Le premier aspect rendant dynamique cette comédie sont les flash-back, nous ramenant au moment de l'expédition. Ils donnent ainsi une plus nette et vivante réprésentation de la déposition des témoins.
Mais là où Vercors est le plus futé, le plus intelligent, le plus fort est lorsqu'il intègre les spectateurs au jeu théâtral, lors du déplacement du tribunal au jardin zoologique, dans le but d'aller à la rencontre de ces fameux tropis.
Les grilles de la cage des tropis sont disposées sur le devant de la scène, ce qui oblige le tribunal à regarder à travers elles et à affronter le public. À ce moment là, il y a une inversion des espaces : la salle est devenue le lieu où l'on regarde et la scène le lieu d'où l'on voit. Le public devient acteur et inversement.
Ce jeu théâtral créé un choc émotionnel et les spéctateurs sont ainsi amenés à se demander en quoi eux-mêmes sont des Hommes.
Dans cette pièce, Jean Bruller ( Vercors), maîtrise à la perfection l'art de l'illusion théâtrale.
On en redemande !
Jean Bruller : (source).