i-voix aux mains d'argent - Florilège 3 2014-2015
Effraction, immersion, contraction, dilatation, substitution : tout au long de l'année, les lycéens d'i-voix ont aimé couper-coller-insérer-remplacer... dans des oeuvres variées.
A la manière des cut-up de William Burroughs, des cadavres exquis surréalistes, des centons oulipiens, des MashUp vidéos, ils explorent ainsi, à l'ère du numérique, une façon originale de s'approprier des textes littéraires et d'en créer de nouveaux. Cette activité, ludique et pédagogique, permet de comprendre de l'intérieur l'univers d'un auteur, de faire résonner en soi ses mots, de partager les sensibilités et les imaginaires, de travailler la langue, de faire jaillir de soi des éclats de poésie. Alors peut-être la littérature retrouve son pouvoir de vibration et de façonnement.
Saurez-vous reconnaître les oeuvres qu'ils ont ainsi goulûment dépecées, chirurgicalement charcutées, poétiquement électrocutées ?
Tim Burton - Edward aux mains d'argent
l'aube des sentinelles
te laisse nue
pourvu qu'en son passage
de peur et de brisures
le sable des lisières
traque
la pointe des mots
Emettre des doutes, s'inquiéter, révolte, se faire la peau dure, le dire, serrer plus fort les dents, stop, you break my heart.
On se rêvait posséder
De routes fières,
effacées.
Dans un futur clair,
Comme deux indiscrets,
De grange en repaire
Sous des neiges amassées.
Parfois, nous foulions terre
Aveuglés
Guetter bêtes solitaires
Dans la clarté.
Nous plaisions à faire
Des montagnes affinées,
Encore plus sincères
Que les tableaux irréfutés.
Couchés par terre,
Guidés
Par des pensées mortuaires
Sur des moraines évacuées
Encore très solitaires.
On fuyait, on fuyait...
il faut partir - partir ailleurs dans un obscur scrute - une voix vole ce qui dort - une autre voix cache le silence - une autre voix s'approche - oublier les pas - les pas trébuchés - tous les pas d'avant - à la première tentative - chaque mot se referme sur un - piège - renonce détourne - s'arrête - pour croiser des voix il faut s'arrêter - scène ouverte sur une place sombre - une façade haute et sombre - une scène d' attente - des corps un public peut être - rien ne bouge - on attend que quelque chose se passe - quelque chose d'extraordinaire - une faible lumière une trace de vivant vibre - c'est un rêve - c'est au matin - un rêve fulgurant de beauté - le jour a tout effacé
ta si vive absence, soeur inexistante
je deviens le frère de ta mémoire absente
ne manque pas à l'appel des vents printaniers
alors soudain je cesse d'exister sous tes yeux
ils connaissent ton corps, frôlent ta chevelure
il est des nuits rares où nue tu me regardes
leurs doigts y embrouillent mon esprit égaré
j'y habite parfois un sommeil agité
où donc te caches-tu derrière leurs troncs frêles ?
tout un peuple rêvé en écorce brumeuse
la forêt de bouleaux me guette désertée
t'escortant de feuilles, d'une robe végétale
d'autres fois ce n'est que murmure suspendu
un drap vert à froisser où je glisse mes mains
pleut pleut pleut
sans sujet pleut
des gouttes de sang
qui lessive
les montagnes rouges
le sang d'automne s'y éveille
dans mon coeur amoureux des rivières
Mal dissous
dans l'estomac.
Cette absence
qui évide
mon ventre.
Comment
m'adresser à vous
sans vous abîmer ?
Nous.
Et notre
commune
peur.
retour à
à tes pieds
nos surfaces enceintes
commence
l'une contre l'autre
sans manières ni après
oeuvrant pour le surnombre
dans une course folle je
nous sommes des pulpes
à basse fréquence
nous nous battons sans cheveux pour nous agripper
bafouille
j'aurais aimé connaître
les premiers mots
les longueurs, et à la lisière de nos aléas obsédés
s'arrêtant aux premières lettres four wild
la lenteur
je te roses
allongé sur les scènes de ton bras, j'aurais aimé tromper la peur avec une histoire précise de la douceur