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Publié par i-voix

Florilège - Créations personnelles 2014-2015 4
Tout au long de l'année 2014-2015, les lycéens d'i-voix ont partagé en ligne leurs propres créations. En voici quelques exemples.

 

Florilège - Créations personnelles 2014-2015 4

Jacques Monory : Partir

 

Le tunnel dans les yeux de l'enfant. Et la lueur au bout, oscillante. Les yeux-tunnels frangés de cils de mer. Et ce regard, ce regard franc qui alpague le mien comme une vague. Les ombres qui dansent sur le petit visage pâle, les petites mèches bleues qui volettent, caressent les joues, retombent sur le front blême et sincère, sur ce regard décidé. Les petites boucles courtes qui dansent dans le vent, dans les grandes bourasques glacées et salées, s'engouffrant dans les tunnels sans faire chavirer la petite flamme au bout, ce petit éclat fragile et ténu comme une promesse.

Partir. L'enfant se trouve face à la mer. La mer qui se noie dans ses pupilles et ces pupilles qui embrassent l'océan avant de l'embraser. Il y a deux mers. Il y a la mer grise et brute, aux mille relfets de mauve, au jabot d'écume se ramifiant comme des veines et des racines. Les racines de l'océan, ces racines de vivre, ondulent comme des cheveux longs et parfumés sur l'onde bleue grise et engouffrée. La vague creuse un gouffre sombre parcouru du labyrinthe spumescent, ce réseau qui grossit et s'étend sans fin vers le rivage, poussé par une frénésie translucide. La vague, projetant ces rets entrelacés d'écume, dessine comme une bouche à cet enfant silencieux, des lèvres pleines pour dire ce que le regard dit et qui est muet sans être tu.   Et il y a la mer bleue, si bleue d'espoir et de vie, si resplendissante, la mer bleue où coulent et s'évanouissent les fils d'écume. Cette vague explose en cristaux de sel, en gerbes immenses, blanches et éclatantes, en un grondement chaud de cette eau froide, chuchotant dans un grand chahut plein d'une puissance libérée, d'une force nouvelle sur laquelle souffle le vent iodé de la liberté et de l'évasion. Le scintillement du soleil sur les cristaux de mer pulse avec une douce force au fond des yeux de l'enfant.

Partir. Mais personne n'a dit à l'enfant que l'horizon qui traverse les deux mers, l'horizon fait comme un horion à l'âme qu'il ébranle d'un soubresaut.

Personne n'a dit à l'enfant que l'horizon est basculé de travers.

 

(Morgane)

 

Elle marche hébétée vers une fin stellaire, la bouche ouverte et les plaies écorchées - ne vous inquiétez pas, seule l'écorce est touchée - la sève jaillit comme d'une fontaine de ces mortelles égratignures, et la floraison ne viendra jamais - voyez, son blond a terni - elle restera prisonnière des bourgeons qui ourlent ses cils d'un vert univers.

 

(Brenda)

 

 

 

- Regarde, c'est lui, c'est Vladimir, le vampire qui vole de ses ailes de chauve-souris dans cet obscur paysage, ce paysage morne, détruit, ce paysage endormi.

- Chaque battement de ses ailes remplace le battement de son cœur de pierre. Je ferme mes yeux sur cette lugubre vallée, «-Regarde ! Regarde !» me dit-il, je le vois juste devant moi, il est d'une pâleur telle que la neige fraîchement tombée.

- Vladimir s'approche de moi, il avance vite, ou plutôt il vole vite, je sens son souffle glacial sur mon cou, ses crocs se plantent dans mes veines.

*

- Je croyais entendre ce son harmonieux ; le chant des oiseaux les matins de printemps, mais cela est impossible, je suis allongée dans une eau croupie, le chant que j'entends n'est autre que le mugissement du vent contre les arbres aux cloches d'argent.

- «Regarde ! Regarde !» me dis-je, dans le ciel il y a cette étoile d'argent qui me tend ses bras pour m’accueillir dans ce monde obscur dont personne ne connaît l'histoire.

 

(Doriane)

 

Florilège - Créations personnelles 2014-2015 4

 

Nourrir ces êtres cuits

Pendus aux lettres de minuit,

Courir,

Changer de direction, affoler les quatre morts,

Je succombe à la vie.

Nouer la corde de l'espoir...

Dessaim d'amour.

 

(Logan)

 

 

Mardi 03 février 2015

après-midi aux couleurs d'hiver

 

Dans une salle de classe du premier étage, des murmures soudain s'emparent de l'air et des élèves, créant comme une rumeur basse et vague qui enfle et reflue. Les visages se tournent vers la lumière blanche qui traverse les larges vitres, les yeux ravis se cherchent, se séparent, se retrouvent, se sourient. Oh, les illuminations des regards... Les sourires s'épanouissent comme une atmosphère complice, les corps gigotent, sont incapables de rester en place.

Entre les murs, les chuchotis s'amplifient, s'envolent comme une houle de l'air, s'envolent comme les milliers de flocons opalescents qui viennent d'envahir les fenêtres. Les corpuscules de neige en ribambelles ne tombent pas, ils volent. Ils dansent au gré de la bise glacée, dans les méandres d'un délicat blizzard, entre les circonvolutions légères du vent de février. Cette kyrielle de flocons de neige délivrée par l'empyrée a la finesse d'un rêve, la grâce d'un mirage et l'impesanteur d'un songe. Dehors est baigné de lumière blême, hazy and misty, grise et mélancoliquement belle.

Leur professeur dit : Oui bon, ça va, il neige, d'accord, maintenant on revient au cours ? Vous avez passé l'âge vous croyez pas ?

Je dis :

 

Les poètes

n'ont jamais passé

l'âge de la neige.

 

 

(Morgane et Brenda)

 

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