Centon - Jean Joubert
Nous sommes les passeurs de ce sombre fleuve.
sur l'autre rive
brûlent des feux dans le brouillard
et des sorcières nues
dansent sous la lune.
Enfin le col est là, sauvage, où siffle un vent glacé. Sou-
dain l'ombre du voyageur de ses pieds se détache, se
redresse, géante, drapée de linges noirs, et vers l'homme
éperdu, tourne un visage sans visage. Puis s'approche et,
en trouvant ses voiles, sur lui se penche, l'étreint et vite
l'engloutit.
Nuit sans lune.
Flux de suie.
Avec violence, tomba une neige noire.